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Polnareff, une tournée qui le comble,
et un nouvel album à « l'horizon 2008 »

Entretien avec l'Associated Press

A mi-parcours de sa tournée marathon « Ze Tour 2007 », débutée le 2 mars à Paris-Bercy et qui s'achèvera le 10 août à Colmar, Michel Polnareff fait le point sur son retour en France, pays où il ne s'était pas produit depuis 34 ans. Un retour manifestement auréolé de succès, 300.000 spectateurs s'étant déjà déplacés pour les 30 premiers concerts dans l'Hexagone, en Suisse et en Belgique. Le chanteur effectue actuellement une pause avant le démarrage le 5 juin à Orléans de la seconde partie de sa tournée. En attendant, confortablement installé dans un grand hôtel de la région parisienne, il se confie dans un entretien à l'Associated Press.

Associated Press: deux mois après le premier concert de Paris-Bercy, quel souvenir en gardez-vous?

Michel Polnareff: « Curieusement, une image très floue. Je me souviens en revanche du stress et de la négativité qu'avait précédé ce concert à tel point qu'on se demandait si j'allais vraiment pouvoir chanter. De plus, le producteur (Gilbert Coullier) et le patron de ma maison de disques (Pascal Nègre) s'inquiétaient de ne jamais me voir chanter en répétition. Pascal m'a même demandé: 'Mais Michel, tu ne chantes pas? Et moi de répondre: 'Si! Le 2 mars!' » (soir du premier concert, NDLR).

AP: vu le succès du premier concert, quelle a été votre recette miracle?

MP: « J'ai beaucoup travaillé en amont sur la direction musicale, la mise en scène, les choristes. Le jour J, je suis simplement allé... dormir. Une technique qui a fait ses preuves puisque j'ai en fait transféré tout le stress dont j'aurais dû être l'objet sur les autres. Du coup, quand je suis arrivé sur scène, j'étais zen. Je me suis forgé une sorte de carapace, un mélange de courage et d'inconscience voulue, qui m'a permis d'être là. A la limite, le public avait plus le trac que moi! C'est pourquoi je tiens en premier lieu à remercier du fond du coeur tous et toutes, générations confondues (...) Franchement, quand les dernières dates ont été ajoutées, j'ai finalement accepté l'idée d'un 'retour gagnant' ».

AP: quitte à avoir donné des sueurs froides à votre entourage?

MP: « Malgré toutes les conneries qui ont été dites sur moi avant mon retour, mes producteurs ont compris que dès l'instant où je leur avais serré la main en m'engageant à être sur scène le 2 mars 'mort ou vif', j'assurais ma part du contrat. Pour moi, une poignée de mains, à l'instar de certaines cultures, cela vaut parole donnée ».

AP: votre état d'esprit a-t-il changé avec ces premières dates?

MP: « Je suis beaucoup plus à l'aise qu'au démarrage. Je m'autorise des échanges pleins d'humour avec le public. Mais je reste marqué, abasourdi, ébloui et ému par cette véritable marée humaine, hurlante, et qui tout à coup se calme devenant totalement réceptive, parce qu'elle est d'abord venue pour m'entendre chanter ».

AP: les différentes villes où vous vous êtes produit ont-elles eu droit au même spectacle que les Parisiens?

MP: « On ne doit pas changer un spectacle qui marche. Paris-Bercy n'est pas Paris et Paris n'est pas la France. Hormis des contingences techniques, liées à certaines dates en extérieur (Festival de Poupet, ou Arènes de Nîmes, d'Orange et de Vienne, NDLR), c'est le même spectacle ».

AP: le polnaweb n'est-il pas pour vous le cordon ombilical entre vous et vos fans?

MP: (Il éclate de rire) « En tout cas, le temps que j'y consacre ne fait pas très plaisir à Danyellah (sa compagne, NDLR). Pourtant, je suis comblé de la tournure que le site a pris. Etant contre toute forme de censure, j'apprécie qu'une auto-discipline se soit instaurée. Le site, né en 1997, a beaucoup évolué. Aujourd'hui, chaque intervenant s'y exprime après s'être engagé à travers une charte, une 'net-étiquette'. Les intervenants s'interdisent en fait d'eux-mêmes de rebondir sur tout propos 'trash', comme une sorte d'auto-régulation, et ça j'adore! ».

AP: on vous sent rasséréné de ce lien avec les fans du polnaweb?

MP: « Ce lien m'a transformé. Quand j'interviens sur le site, même depuis mon désert américain, j'abolis le schéma selon lequel il y aurait d'un côté le public, de l'autre Polnareff. Aujourd'hui, je fais l'inverse, je communique. Mieux, j'échange, et je m'autorise, par exemple, lors des concerts, à des bons mots avec le public. Jamais je ne me serais autorisé cela auparavant ».

AP: puisque manifestement « Michel » et « Polnareff » sont réconciliés, à quand un nouvel album?

MP: « Sachant qu'un album live de la tournée et une captation DVD sont prévus dans les bacs, ma maison de disques n'est pas forcément pressée! (rires). Pourtant, je peux vous annoncer que l'enregistrement d'un nouvel opus est prévu, à Londres, et que la sortie devrait se situer à l'horizon 2008, au plus tard 2009 ».

AP: et à quand le vrai retour de l'enfant prodigue, en France?

MP: « Pourquoi pas un retour sous la forme d'une résidence alternée entre les deux pays? Je réfléchis à un modus vivendi, qui pourrait me faire partager mon temps entre les deux pays. D'autant que j'adore les Etats-Unis et les Américains, en dépit du gouvernement actuellement au pouvoir (aux USA). J'ai d'ailleurs rappelé à Villepin, venu me serrer la main le 2 mars, que j'avais été l'un de ses meilleurs avocats aux USA, s'agissant par exemple de la position française vis-à-vis de la guerre en Irak. Outre-Atlantique, j'ai été choqué en voyant des gens vider des bouteilles de bordeaux dans le caniveau ».

AP: vous évoquez rarement le sujet, mais puisque vous filez le parfait amour avec Danyellah, n'avez-vous pas envie de maintenant transmettre vos gènes?

MP: (Il rit) « C'est vrai qu'avec une femme aussi belle de l'extérieur que de l'intérieur, euh..., je peux simplement vous dire que c'est à l'étude ».

À propos de la « liste noire » : « Cette liste de personnes supposées être interdites de concert est une pure invention », assure Michel Polnareff. « Comment voulez-vous que je puisse interdire à qui que ce soit, ne serait-ce que l'achat d'un billet à l'un de mes concerts? »

En concert « à Genève, j'ai appris que Zidane était dans le même hôtel que nous, à quelques chambres de moi. J'ai pris mon courage à deux mains, et je suis allé frapper à sa porte », raconte Polnareff comme redevenu petit garçon. « Zidane, en short et en chaussettes m'a ouvert la porte, m'a regardé incrédule. J'ai simplement dit: 'Bonjour, je suis Michel Polnareff, et je suis fan' »...